Le numérique va entraîner la
disparition de la FM et avec lui l’ensemble des récepteurs de radio FM. Il est
impossible d’écouter la radio numérique avec les transistors, chaînes Hi-fi,
radios réveils et autoradios présents aujourd’hui dans les foyers français. Il
va tout falloir changer, et la tâche s’annonce difficile puisque il y a en
moyenne 6 postes de radio par foyer en France.
Il
est encore difficile de se procurer un récepteur de radio numérique. Le tout
premier appareil compatible vient tout juste d’être mis en vente dans les rayons
des magasins Darty (où il est difficile à trouver) et sur Internet. Fabriqué par
la marque Iriver, il coûte 149€(cf. photo).
Pour ce prix là, il fait baladeur MP3/MP4 (son, vidéo), il est équipé d’un écran
tactile (utile pour les données associées) dispose des fonction « pause » et
« enregistrement » (pour stopper une émission en cours ou la réécouter). Mis à
part ce modèle, à moins d’un an du lancement de la radio numérique il est
impossible de se familiariser avec cette technologie.
Les grands constructeurs
d’électronique que nous avons interrogés expliquent qu’ils attendent un
calendrier clair de démarrage de la diffusion. Le gouvernement doit le publier
le 1er juillet prochain. « Nous n’aurons pas l’obligation de
vendre des appareils capables de recevoir le numérique avant le 1er
janvier 2013 » explique-t-on chez Sony France. « Il y a 150
millions de récepteurs radio en France, alors pour nous la migration vers le
numérique est forcément très attractive ».
Benjamin Sollins du cabinet
d’études Bs Conseil :
Selon votre étude, les
récepteurs mettront du temps à s’installer dans les foyers français ?
Renouveler l’intégralité des
postes mais de manière continue est un processus qui risque d’être coûteux si on
se base sur les prix actuels. D’ici quelques temps ils devront baisser, car une
fois que le calendrier sera plus précis, les industriels pourront s’engager plus
simplement dans la voie de la production et d’ici 4 ans les prix devraient être
proches du marché actuel. La France a choisi le T-DMB, ses voisins le DAB. On
est pas sur des marchés internationaux on peut donc espérer voir fleurir des
puces hybrides (permettant de capter le numérique émis en DAB et en T-DMB,
ndlr) mais les prix ne baisseront pas s’il n’y a pas un intérêt fort du
public qui devrait, selon nous, se manifester.
Ce sera donc beaucoup plus
long et compliqué que pour la TNT ?
Effectivement, en radio on
s’oriente vers un renouvellement total de l’équipement et cela prendra du temps
car on a plus de radios que de télévision. Sur le point de la couverture, pour
l’instant le CSA n’a pas publié son calendrier complet donc au départ il n’y
aura que 30% de la population concernée. On sait que ce qui fait le succès de la radio c’est son déplacement en voiture. Les agglomérations vont être couvertes
mais entre les différentes villes sur les autoroutes la réception ne sera pas
continue donc on verra comment le CSA va programmer le déploiement de la RNT au
niveau national.
D’autant que les grandes
villes ont déjà une bande FM très complète avec une excellente réception…
Oui,
donc ça peut créer un décalage, et dans l’immédiat pour ces gens là, le
différentiel ne sera pas très important si l’offre n’est pas très élargie par
rapport à aujourd’hui. Mais la RNT est quelque chose vers lequel on se dirige,
c’est dans la suite logique de la numérisation de la société.
(la radio via un Ipod)
Est-ce que les échéances
imposés par l’Etat aux industriels ne sont pas un peu trop tardives ?
4 ans pour une obligation
d’intégrer des puces RNT dans tous les postes ce n’est pas tardif. Il faut
pouvoir laisser le temps aux fabricants de le faire et que le public en
bénéficie rapidement. 4 ans ça peut paraître long mais ça peut aussi paraître
court à l’échelle de la transition FM/numérique qui est de 15 ans. 10 ans pour
faire cette rotation et abandonner la FM c’est suffisant. »
En attendant la disparition de
la modulation de fréquence, les industriels devraient proposer des récepteurs
mélangeant numérique et analogique. Un dispositif qui éviterait les blancs en
voiture par exemple, et permettrait d’écouter des radios présentes en FM et
absentes du numérique ou inversement. Pour les régions de France situées à la
frontière avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie,
l’Espagne ou à proximité de la Grande Bretagne, capter la radio de ces pays
devrait rester possible avec un récepteur hybride (DAB et T-DMB). Ils devraient
eux aussi faire leur apparition dans le commerce, les automobilistes qui
voyagent d’un pays à l’autre sont aussi concernés et ne seront de fait pas
privés de radio une fois la frontière franchie.
Quelques
récepteurs de radio numérique en norme DAB (vendus en Angleterre)