Dans quelques mois, la radio
numérique ne sera plus un projet mais une réalité. Les nouvelles radios
inaugureront leurs grilles des programmes. Les auditeurs qui auront reçu un
récepteur à Noël ou qui l’auront gagné (RTL envisage un tel jeu) découvriront
une qualité de son irréprochable. Petit à petit, la couverture des radios
nationales se rapprochera des 100% (RTL, par exemple, ne couvre aujourd’hui que
70% du territoire). La radio entrera dans une nouvelle ère.
Exemple
de récepteurs bientôt vendus en France (à droite : un autoradio numérique
intégré à la Renault Koléos RTL Numérique, présentée au Mondial de l'Automobile
2008)
Mais à moins d’un an du
lancement de la diffusion en numérique, auditeurs, diffuseurs, fabricants,
commerçants, patrons de radios sont encore dans le flou. Le CSA aurait dû
publier fin mars la liste des stations autorisées à émettre en numérique
fin 2009. Il l’a fait le 26 mai… Autre signe d’incertitude, certaines
rumeurs ont évoqué une
volte-face sur la question de la norme. Il se pourrait finalement que la France
choisisse une norme moins « franco-française » que le T-DMB comme le DAB, ce qui
retarderait une fois encore le processus.
Du côté des auditeurs, les
quelques personnes interrogées n’étaient pour la plupart même pas au courant du
bouleversement en préparation. D’autres mélangent radio numérique avec radio par
Internet et Podcast. Un manque d’information à combler car, hormis les initiés,
les passionnés et ceux qui sont tombés (peut-être par hasard) sur l’un des
quelques articles évoquant la radio numérique dans la presse locale, le « buzz »
n’a pas pris. Même au sein de la jeune génération, pourtant première visée par
les baladeurs numériques.
Pour un succès du numérique il
faudra sans doute, comme en Grande Bretagne, des campagnes de communication
agressives. En ces temps de crise économique, les prix des récepteurs (autour de
150€) refroidiront sans doute des français satisfaits de la FM ou de la radio
par Internet.
La crise risque aussi d’avoir
un effet sur les radios, dépendantes de la publicité. Ces derniers mois, les
investissements publicitaires sont en chute libre. Si le revenu des radios
baisse, elles auront plus de difficultés à s’équiper, payer la location du
matériel de diffusion et leur place dans les multiplexes. Avant même leur
lancement, les nouvelles structures sont déjà en danger. Pourront-elles faire
face au dynamisme économique des grands groupes ? Et si quelques mois après le
début du numérique on assistait à la fermeture d’antennes étranglées par
les
difficultés financières ? Cette mésaventure a touché récemment Parenthèse
Radio, lourdement déficitaire presque 2 ans après son lancement, mais
finalement sauvée par Arthur. Les radios
associatives obtiendront-elles le soutien tant attendu des pouvoirs publics ?
Le numérique est un objectif
ambitieux qui va beaucoup apporter au monde de la radio, mais la route est
encore longue et les obstacles nombreux. Cependant, ils ne sont pas
infranchissables.
RECAPITULATIF DES INTERVENANTS
Jérôme Hirigoyen, directeur de projet
radio numérique à TDF
Benjamin Sollins, rédacteur de
l’étude du cabinet BS Conseil sur l’évolution des usages des médias.
Jean-Baptiste
Roger, Conseiller technique chargé des TIC (Technologies de l’Information et
de la communication) au conseil régional d’île de France.
Denis Péchon, directeur d’antenne de Coloriage, responsable de la commission
Radio Numérique Terrestre de la FERAROCK.
Jean-Marie Gauthier, directeur d’antenne de Vivre FM.
Plusieurs fois contacté au moment de la
rédaction de cette enquête, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a toujours
décliné nos demandes d’interviews notamment parce que la liste des dossiers
reçus n’était pas terminée.
Certaines images sont issues du site RadioActu.
Dossier réalisé par Olivier Collet, et images
et mise en page par Hed'