Pour
sa dernière de l'année 2023, Bruno Guillon avait marqué le coup avec une
émission spéciale en public de son morning « Bruno sur Fun Radio » qui revenait
en 1998. Une émission riche en souvenirs et musiques d'époques, mais qui avait
ignoré le logo carré de cette année, préférant utiliser le célèbre logo de la
période 1990-1996, plus ancré dans les esprits (celui de 1997 étant une version
« modernisée »). Retour donc en 1998, une année assez turbulente dans l'histoire
de Fun Radio.
Année qui démarra sansBenoît Sillard, qui avait démissionné le 3 novembre 1997 de son poste de
président de Fun Radio, station où il officiait depuis 1989. La station
démarrait 1998 avec une audience en baisse et une mauvaise santé financière, la
faute notamment à la création de Fun TV sur TPS et l'achat de plusieurs locales
(sans compter le projet de créer des Fun Cafés dans plusieurs villes, qui avait
été abandonné). La direction de la CLT qui détient Fun Radio souhaitait la
recentrer davantage sur la musique au détriment de la libre-antenne, qui a été
longtemps le crédo de Fun Radio, et baisser le budget de la station pour faire
des économies. Des décisions avec lesquelles Benoît Sillard était en désaccord.
A noter que Pierre Bellanger, patron et fondateur de Skyrock, avait rendu
hommage à Benoît Sillard après son départ, un « adversaire redoutable et
acharné » ; « en 8 ans de compétition on s’est mis plusieurs fois un genou à
terre et on s’est toujours relevé tous les deux ». Belle preuve de
fairplay quand on sait que la rivalité entre Fun Radio et Skyrock était très
forte dans les années 90.
-à gauche :
Benoît Sillard, PDG de Fun Radio de 1989 à 1997 (source photo : ADB n°20 -
Juin 1994
-à droite : Axel Duroux, son successeur (source photo : CB News - Septembre
1998)
C'est Axel Duroux, alors
président de RTL2, qui reprend la direction de Fun avec un plan de redressement
sur 3 ans. Un vaste chantier marqué par des économies qui vont se ressentir
dès
le printemps 1998 avec le départ de nombreuses voix (Eric & Ramzy, Arnold,
Lorenzo...) et une grille allégée pour laisser une plus grande place à la
musique ; pour Axel Duroux, « la radio était devenue un peu trop réaliste et
explicative » et il fallait « retrouver l'essence même du mot "Fun" ». « Lovin'Fun »,
qui venait d'adopter une formule ouverte à des thématiques sans lien avec la
sexualité, était d'ailleurs à ce moment-là sur la sellette.
Le but était de devenir la radio leader sur les 20-25 ans, alors qu'elle ciblait les 15-19 ans,
avec pour mots d'ordre : « renouveler et régénérer » l'image jugée « dépassée »
de la station.L'effectif de Fun Radio est réduit (une vingtaine d'emplois
supprimés) et les synergies avec la sœur RTL2 sont multipliées, notamment
concernant la communication, la direction technique ou la programmation
musicale. Il est aussi envisagé de faire déménager Fun Radio chez RTL rue
Bayard, dans des locaux laissés vacants par M6. Tout cela laissait supposer pour
beaucoup à l’époque la disparition de l’esprit Fun et la rumeur d’une « RTL 3 »…
Fun
fait donc table rase de son passé au cours de l'été 1998 avec un logo
radicalement différent (un carré fuchsia délavé), une programmation musicale
toujours jeune et variée avec une dominante rock et techno, et un top horaire
habillé par le son « What time is love » de KLF. La moyenne d'âge des animateurs
se situe dans les 23 ans.
La grille de la rentrée
suit les changements déjà effectués quelques mois plus tôt : une libre-antenne
matinale menée par Max, dont le « Starsystem » du soir était remplacé dès mai
1998 par une nouvelle libre menée par Mickael Quiroga (qui officiait auparavant
sur Fun Radio dans l'émission rap « Check Ca ») et Rachid. Parmi les quelques
nouveautés, on retrouve Bob, venu de Skyrock, aux commandes de la « Fun Liste
», le
classement musical des auditeurs, suivi par les « DédiFun » en soirée, une
émission de dédicaces au ton parfois "hot" animée par Morgan Serrano. L'émission dance du samedi soir
est rebaptisée « Electronic Party », et Max propose une nouvelle émission le
dimanche soir à 22h qu'il voulait faire depuis longtemps, « Ballade nocturne » ;
une heure de musique lounge, ambiant, new age et trip-hop. Côté chroniques, on
retrouvait « What’s Fun » à 13h30, une chronique tendances, mode et gadgets
présentée par Martin Laigle, journaliste venu de RTL2, « Fun Attitude » à 16h30
qui parlait jeux vidéo et mutlimédia avec Nicolas Beuglet et « CinéFun » à 9h30
et 20h avec Mark
De l'ancien Fun reste
« Les débats de Gérard », la célèbre libre-antenne trash de Gérard de
Suresnes diffusée la nuit du jeudi au vendredi, « Fun Live » le dimanche soir,
et certains animateurs dont David (qui ne se faisait pas encore appeler Dario)
qui qualifiait d'ailleurs le format de cette période comme « hyper négatif et
très dark » au micro des « Ondes Vocast » en octobre 2020.
(campagne publicitaire de Fun Radio en octobre 1998)
Un mois plus tard, des
changements doivent survenir suite à un dérapage dans la libre-antenne de
Mickael et Rachid, qui avaient réglé leurs comptes en direct avec un auditeur.
L'émission est supprimée fin septembre et Max rappelé au soir pour relancer le
« Starsystem ». Pour reprendre le morning laissé vacant, la station fait appel à
une de ses nouvelles recrues : Barth (que l'on retrouvera par la suite pour
d'autres libre-antennes sur Fun TV, avec une diffusion simultanée sur M6, puis
sur Europe 2 avec « C'est quoi ton truc ? »)
Ce nouveau Fun Radio ne
rencontre pas le succès et fait plonger l'audience à 4,6 % d'audience cumulée
(contre 5% un an plus tôt et 6,6 % en avril-juin 1997), tandis que sa rivale
Skyrock réussit progressivement sa mue vers le rap et qu'NRJ continue sa
progression. Une période d'errance qui ne peut plus durer et qui fera
réagir Axel Duroux qui avait mis un an pour trouver un cap à RTL2. Cette
relance aura tenu 6 mois, Fun Radio va tenter une seconde rentrée en janvier
1999.
Mise
en place d'un nouveau logo conçu en interne dans le style « planche de surf » et
reprenant les couleurs du logo historique, et abandon du rock et du rap jugés
trop « de niche » pour se concentrer sur 2 couleurs musicales : le groove et la
dance, de plus en plus en vogue à la fin des années 90. « C'est nouveau
et ça bouge » annonce à l'antenne l'ambiance du nouveau Fun Radio, plus tonique et
festif. Dans le dossier de presse, il est précisé que le précédent logo avait
servi de transition pour « l’évolution du programme » et « préparer l'arrivée du
logo définitif »... pour ne pas avouer que la formule a été un échec ? Bien
qu'Axel Duroux ait reconnu que miser sur le rock a été une erreur qui leur a
fait perdre trois mois.
C'est également en
décembre 1998 que Fun Radio achève son déménagement dans ses nouveaux studios
rue Bayard chez RTL, modernes et numériques, quittant ainsi son siège historique
de Neuilly-sur-Seine, symbolisant pour beaucoup la fin d'une époque. La grille,
elle, change encore une fois ; le nouveau morning, « Fun Tonic » est mené par
Bob accompagné par Martin, qui arrête les chroniques pour signer ses « appels
crétins » avec lesquels il se fera remarquer. Un nouveau venu, Kash, hérite du
9h-13h suivi par Léo qui était déjà avant au 13h-16h, puis Sam Z, le directeur
d'antenne de la station qui reprend le micro au 16h-19h. Les soirées ne changent
pas, Morgan reste aux « DédiFun » suivi par le « Starsystem » de Max, seule libre-antenne maintenue. Les soirées dance du week-end reprennent le titre
« Party
Fun » qui avait été abandonné en 1996. Les « Ballades nocturnes » de Max, qu'on
pourrait penser hors format avec le nouveau Fun, sont aussi maintenues ;
l'émission continuera tous les dimanches soirs jusqu'en 2002.
Cette relance était une
prise de risque, Axel Duroux s'était donné 6 mois pour redresser la station sous
peine de démission. Et le résultat sera là : en un an, l'audience de Fun Radio
grimpe en flèche ; sur les premiers mois du « Groove & Dance », elle monte à 5,6
%, et ira jusqu'à atteindre les 7% fin 1999 ! Un succès immédiat donc auprès des
15-24 ans que Fun Radio continuera de consolider. Axel Duroux quittera Fun
Radio et RTL2 début 2000, remplacé par Jean-Baptiste Jouy venu de M6 et Paris
Première. Quelques mois plus tard, la grille de Fun Radio sera marquée à la
rentrée 2000 par un événement : le retour d'Arthur sur les ondes, avec « PlanetArthur »
en fin d'après-midi. A ce moment-là, la période d'errances semblait déjà bien
loin, dans le passé...
BONUS :
un bout de playlist, avec quelques morceaux entendus dans la playlist de Fun
Radio fin 1998...
-Garbage - Push it
-Matmatah - Lambé an dro
-Jamiroquai - Deeper Underground
-Pills - Rock me
-MC Solaar - Nouveau western
-Smashing Pumpkins - Ava Adore
-Jennifer Paige - Crush
-Trade d'Union - D'1 mot
-Technolab - New fusion
-666 - Amok
-All Saints - Under the bridge
-The Cardigans - My favorite game
-REM - Daysleeper
-Fatboy Slim - Rockafeller Skank
-Meja - All 'bout the money
-Yannick - J'aime ta maille
-Cher - Believe
-Lenny Kravitz - I belong to you
-Bacon Popper - Free
-White Town - Your woman
-Santos & Sabino - Lararari
-Youssoun N'Dour & Neneh Cherry - 7 seconds
-Natalie Imbruglia - Wishing I was there
-Eagle Eye Cherry - Save tonight
-NTM - Laisse pas trainer ton fils
-Sweetbox - Everything's gonna be alright
-Lovestation - Teardrops
...et quelques mois plus tard,
début 1999, dans les débuts de l'époque "Groove & Dance"
!
-Eiffel 65 - Blue (Da Ba Dee)
-Loïs
Andréa - Insomnie
-Armand Van Helden - U don't know me
-Jennifer Lopez - If you have my love
-Jamiroquai - Cosmic Girl
-TLC - No scrubs
-Scott Grooves - Mothership Connection (Daft Punk remix)
-The Tamperer - If you buy this record Your life will be better)
-Everything But The Girl - Missing (Todd Terry remix)
-Karen
Ramirez - Looking for love
-Brandy - Top of the world
-Celetia - Rewind
-Ménélik - Touché
-Cassius - Cassius 1999
-Norma Ray - Tous les maux d'amour
-Bamboo - Bamboogie
-Phats & Small - Turn around
-Britney Spears - Baby one more time
-Alliance Ethnik - 5 heures du mat'
-Ann Lee - 2 times
-Ricky Martin - La vida loca
-Stardust - Music sounds better with you
-Moss - Au nom de la rose
-Will Smith - Miami
-X Clusives - Jalousie
-Lauryn Hill - Ex-Factor